Vous avez certainement déjà entendu parler de la place des émotions dans le travail, les relations, nos interactions, parfois mêlées de sensibilité, voire d’hypersensibilité.
Nos émotions sont là pour nous faire passer des messages. Mais de quel message s’agit-il quand nous gérons des équipes ou animons des séminaires/ateliers ?
Définition de l’intelligence émotionnelle (ie)
Dans les années 90, Mayer & Salovey (professeur et doctorant à l’Université de Yale) l’ont défini comme une intelligence émotive et plus précisément : « L’habileté :
- à percevoir et exprimer les émotions
- à les intégrer
pour faciliter :
- la pensée
- à comprendre et raisonner avec les émotions
- à réguler les émotions chez soi et chez les autres »
L’intelligence émotionnelle se base ici sur nos sensations corporelles et neurosensorielles. Elle est le fruit de l’équilibre entre le corps, le cœur et le cerveau.
Quelques années après Daniel Goleman, qui démocratisera ce concept, précisera « il s’agit de la capacité d’identifier, d’interpréter et de gérer ses propres émotions et faire face à celles des autres. »
Selon lui, elle contribuerait même à 80% à la réussite de notre vie et est une compétence à part entière que nous pouvons développer.
Pourquoi l’intelligence émotionnelle ?
L’intelligence permet de développer une capacité de lecture de la situation, un regard particulier qui permet de développement de l’intuition ou plus précisément la lucidité et l’agilité relationnelle.
Corps, cœur et cerveau sont des indicateurs. Plus l’indicateur est au vert plus l’enthousiasme et la joie est au service de la gestion de conflit ou de la situation.
» Nous pensons à travers nos émotions, nous décidons selon nos émotions, nous sommes émotions 😊 Avoir une éducation aux émotions nous permet donc de mieux nous connaître et par ricochet de croire mieux connaître les autres. » nous dit Céline Bigle, ma pair en change management.
Dans les domaines directement concernés par l’IE nous trouvons : la communication, la dynamique d’équipe, la prise de décision, les bonnes relations, les services rendus, la gestion de conflit, la productivité, le leadership, l’efficacité et la relation aux autres.
Mais comment développer notre intelligence émotionnelle et la mettre, positivement, au service du groupe ?
Les 4 compétences de l’intelligence émotionnelle
Mayer & Salovey ont structuré 4 ingrédients, que j’appelle compétence :
Compétence n° 1 : identifier les émotions dans lesquelles nous sommes (connaissance de soi)
Savoir les nommer, apprendre à sentir vos propres sensations corporelles tête (fourmillement, tiraillement, boule à la gorge, au ventre, etc.) pour aller vers l’intelligence corporelle, de nos sens.
Antonio Damasio, médecin et professeur de neurologie, nous dit que les émotions s’activeraient d’abord dans notre corps et transmettrait, ensuite, l’information nerveuse vers le cerveau. L’intelligence émotionnelle serait d’abord dans nos sensations corporelles avant d’être intellectualisé et rationalisé par notre cerveau.
Compétence n° 2 : maitriser les émotions que nous vivons (maitrise de soi)
Maîtrise des émotions ne veut pas dire les supprimer. En latin, émotion signifie « être en mouvement ». La gestion des émotions est une façon de ménager sa mise en mouvement en commençant par accueillir (compétence 1) puis la réguler en intelligence de situation.
Pour cela, amener de la conscience de ses modes de fonctionnement (suis-je plus réactif, passif ou procrastinateur ? suis-je plus tôt centré sur les tâches et les actions à réaliser ou plutôt sur le lien avec les autres lorsque mon stress est activé ?), etc. permet plus de clarté sur les décisions que l’on choisit de prendre.
Mais lorsque vous êtes en crise (ex : c’était plus fort que moi ! ), comment se réguler ? De multitudes pratiques sont possible (respiration cardiaque, focalisation, marche, sport, visualisation positive, échange avec des personnes ressources). Pour ma part, la sophrologie (fondée par le neuropsychiatre Alfonso Caycédo) est une façon de mieux gérer vos émotions. Pour autant, tout comme la pleine conscience ou la méditation, la force de ces belles approches est la pratique.
Tout comme le sport, nous entraînons notre corps et notre esprit en le musclant progressivement.
Compétence n° 3 : reconnaître les émotions que vivent nos interlocuteurs (conscience sociale)
Savoir nommer ce que nous observons de l’autre, sans jugement, en garder une grande humilité. C’est décrypter le non-verbal, la gestuelle, les mouvements, les dynamiques et expressions du groupe et des sous-groupes. C’est également prendre en compte l’histoire du groupe, ses peurs, ses préoccupations, ses besoins, ses attentes, sa dynamique, ses habitudes et sa culture.
Compétence n° 4 : interagir de la bonne façon avec l’émotion de nos interlocuteurs
Il s’agit de la gestion des relations et de la prévention des conflits. Si les 3 compétences précédentes sont équilibrées, vous serez plus à l’aise sur celle-ci.
L’art de cette compétence est d’être en communication avec l’autre, en fonction de ses besoins, de vos besoins, en veillant à la qualité de la relation en premier lieu. C’est d’ailleurs la 1ère valeur de l’agilité : favoriser la qualité des relations.
Interagir de la bonne façon, c’est s’adapter avec agilité « au contexte, aux personnes, dans notre communication et notre leadership » nous dit Geneviève Cox, spécialisée dans l’accompagnement agile au changement.
Pour cela, il s’agit d’être plus présent à ce qui se passe à l’intérieur de nous qu’à l’extérieur de nous-même en prenant en compte nos sensations corporelles et nos petites antennes.
D’ailleurs, selon Vincent Van Gogh, les émotions sont « les grandes capitaines de nos vies » !
Les 5 clefs pour développer au quotidien vos compétences
Les compétences de l’intelligence émotionnelle reposent sur le concept de lucidité : lucidité de soi, de l’autre, des autres et de notre relation à nous-même et aux autres. Pour les développer voici 5 clefs possibles :
Clef n° 1 : l’observation
Observer vos propres sensations corporelles, la sophrologie, la méditation, la pleine conscience ou la Gestalt vous aide à vous y entraîner. Une des petites phrases magiques que j’ai est : « qu’est-ce qui se passe en toi ? »
Que ce soit l’observation de soi ou de(s) autre(s), le faire sans jugement, sans interprétation et dans une posture de « non-sachant ». Cette posture amène l’arrivée d’information supplémentaire en étant totalement présent à ce qui se passe pour nous.
Clef n° 2 : l’exploration
Activer la curiosité pour oser poser les bonnes questions avec bienveillance et identifier les besoins, les faire verbaliser, amener de la précision.
Parfois, j’utilise la grille du RPBDC pour cadrer et accompagner au mieux un groupe et j’y associe de la métacommunication (prendre de la hauteur pour communiquer sur la façon dont nous communiquons). Vous y gagnerez en clarté pour mieux avancer ensemble.
Clef n° 3 : la motivation
Il s’agit de la mise en mouvement, de la dynamique du cœur avec :
- L’enthousiasme : en se positionnant dans une intention de don, de partage et faire grandir l’autre pour mieux grandir soi.
- L’engagement (le mouvement) : en restant clair sur ce qui est possible ou non pour nous
- L’intention constructive : être connecté à soi et aux meilleurs des autres en proposant l’ouverture et la liberté dans le cadre proposé
Clef n° 4 : le courant
- Suivez le flux, le courant au lieu de résister et de perdre vos forces, en favorisant la dynamique positive du groupe.
- Faites preuve de gratitude : remercier renforce nos liens, amène de la clarté, de la lucidité et nous libère de malentendus et/ou ressentiments dans certaines situations
- Anticipez et lâchez le surcontrôle : envisagez l’inconnu comme une expérience porteuse d’enrichissement en vous appuyant sur l’expérience des autres
- Faites confiance à vos talents, expériences et à l’intelligence collective : toute situation s’appuie sur ce que nous sommes et ce que le groupe est.
Clef n° 5 : la responsabilité
Lorsque tout va bien dans un groupe, nous pouvons nous sentir plus facilement serein, à notre place, à l’aise, compétent.e ! Mais lorsque tout va mal dans un groupe, rien n’est dû au hasard.
Pour faire évoluer la situation, et si le groupe le souhaite, un temps de régulation et de métacommunication est clef !
Il s’agit de prendre de la hauteur en se regardant soi au lieu de pointer le doigt vers l’extérieur. Passer du subir à l’agir avec 4 ingrédients clefs :
- Prenez du recul sur la situation (si je prends de la distance, qu’est-ce qui est observable)
- Être conscient de vos perceptions (revenez à vos sensations corporelles)
- Se sentir partie prenante d’une situation ou d’un processus parallèle (quel est mon rôle dans tout ça ?)
- Reprendre son pouvoir d’action (qu’est-ce que je veux mettre en place et par quoi je commence ?)
Quelle sont les bonnes postures pour l’intelligence émotionnelle ?
Elles sont multiples et représente des voyants lumineux sur votre tableau de bord sensoriel. Il suffit qu’un seul de ces voyants passe au rouge ou à l’orange pour déstabiliser un groupe.
- La posture du non-sachant : fait appel à l’humilité et que nous avons toujours à apprendre des autres et de l’évolution de la société
- La posture du liant ou de l’alliance : fait appel à la bienveillance en se connectant à l’autre comme une personne à part entière, tout en favorisant la bonne qualité de la relation
- La posture consciente : fait appel à la présence à soi, à ses sensations et oser les partager au groupe. Cela permet de décrypter les signaux sensoriels et d’amener de la transparence à ce sujet.
- La posture à l’écoute : les signaux forts-faibles, les gestuelles avant-coureuses, les comportements
- La posture d’ouverture : qui accueille ce qui arrive sans essayer de modifier l’expérience et permet de partager des visions différentes
- La posture authentique : Selon le concept de l’Elément Humain de W. Schutz, l’authenticité est la capacité a pouvoir se dire les choses dans le respect et la bienveillance de l’autre. Cela suppose de pouvoir se parler de tout ce que l’on vit sans rejeter ou mentir. C’est oser parler de sa vulnérabilité et de donner un retour d’expérience sur comme nous l’avons dépassé ou comment d’autres l’ont dépassé. Les organisations sont très friandes de REX, en prenant toujours le soin d’indiquer que ce n’est que des expériences liées à un contexte propre ;
- La posture du don : qui fait appel à la dimension du cœur, en fonction du besoin et de la demande émise par les personnes
- La posture de l’accompagnement : comprendre comment l’autre pense et comment il perçoit les événements
L’idée n’est pas d’avoir toutes ces postures alignées en même temps mais de sentir laquelle activer dans telle ou telle situation. Elles permettent alors d’évoluer de façon agile et de naviguer de l’une à l’autre dans un juste équilibre. Nous parlons alors de l’agilité relationnelle pour vivre dans les meilleures conditions avec lucidité et joie.
En résumé, l’intelligence émotionnelle est notre capacité à nous connecter ou nous reconnecter à notre joie et à celle du groupe ! En tant que sociologue j’appelle cela l’harmonie humaine et sociale.
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[source d’inspiration littéraire : ‘l’intelligence émotionnelle’ de Goleman et ‘les processes de l’intelligence neurosensorielles’ de Massellot et Kallel]